Depuis plusieurs décennies, le sud de l’Espagne, notamment les régions d’Almería, Murcie et Huelva, s’est imposé comme l’un des principaux centres agricoles d’Europe. Grâce au développement massif des serres et des techniques de production intensive, cette zone fournit une grande partie des fruits et légumes consommés sur le continent, en particulier durant l’hiver. Cependant, derrière cette réussite économique se cachent de profondes conséquences environnementales et sociales qui remettent en question la durabilité de ce modèle.
Cruel manque d’eau
Tout d’abord, l’agriculture intensive exerce une pression considérable sur les ressources en eau, déjà limitées dans une région au climat semi-aride. Les cultures très gourmandes en irrigation, comme les fraises ou les tomates, nécessitent un pompage massif dans les nappes phréatiques. Cette exploitation excessive entraîne une baisse du niveau des aquifères, une salinisation progressive des sols et des eaux côtières, ainsi qu’une détérioration de zones naturelles sensibles telles que le parc national de Doñana. Ainsi, ce modèle agricole contribue à une véritable crise hydrique qui menace non seulement les écosystèmes, mais aussi la viabilité future des productions.

Enorme pollution environnementale
Ensuite, la transformation du territoire a provoqué une dégradation importante de l’environnement. L’extension des serres — souvent surnommée la « mer de plastique » — s’accompagne d’une pollution durable liée à l’usage massif de matériaux plastiques et de produits phytosanitaires. Une partie de ces déchets finit dans la nature ou la mer Méditerranée, aggravant la pollution plastique. De plus, la disparition de la végétation naturelle et la monoculture épuisent les sols et réduisent drastiquement la biodiversité. Les populations d’oiseaux, d’insectes pollinisateurs et d’espèces locales se trouvent ainsi fragilisées.

Travail précaire et conditions sociales absentes
Enfin, l’agriculture intensive du sud de l’Espagne soulève également des problèmes sociaux majeurs. Ce secteur dépend largement d’une main-d’œuvre immigrée, souvent en situation précaire. De nombreux travailleurs vivent dans des conditions difficiles, avec des salaires bas, des logements insalubres et une protection sociale limitée. Cette précarité révèle les limites d’un modèle économique fondé sur la compétitivité à tout prix et interroge sa dimension éthique.
ça doit changer pour le bien de tous
En conclusion, si l’agriculture intensive du sud de l’Espagne permet de répondre à la demande européenne en produits frais et constitue un moteur économique important, elle engendre en parallèle des conséquences environnementales et sociales préoccupantes. Face au changement climatique et à l’épuisement des ressources, ce modèle apparaît de moins en moins soutenable. Il devient donc nécessaire de repenser les pratiques agricoles, de renforcer la réglementation environnementale et d’encourager des formes de production plus durables afin de préserver à la fois les écosystèmes et les populations qui en dépendent.


